
Inquiet par le sort des salariés du site Bosch de Rodez, je publie dans Le Nouvel Hebdo une tribune de soutien et d’alerte que je vous reproduis ici. Les paroles s’envolent, mais les écrits restent.
Casse sociale à Rodez avec la restructuration du site Bosch
Premier employeur privé du département de l’Aveyron, Bosch vient d’annoncer de 750 emplois sur les 1.250 que compte son site de Rodez. Un véritable drame économique pour le Ruthénois et la région dans son ensemble. L’équipementier automobile allemand s’est exprimé par la voix de son président pour la France et le Benelux, monsieur Heiko Carrie : « On va réduire les équipes dans les années à venir, d’ici 2025, à 500 personnes. La volonté est d’éviter les départs contraints par le biais de retraites anticipées et de départs volontaires. » Disons-le tout net : ces explications ne sont absolument pas suffisantes, encore moins recevables. Installée depuis plus de 50 ans à Rodez, l’usine Bosch semble n’avoir aucune reconnaissance pour une ville qui lui a beaucoup donné. Par ailleurs, il semble impossible qu’il n’y ait pas de licenciements. Si le groupe Bosch ne trouve pas 700 volontaires – difficile en l’absence de proposition d’emplois alternatives au même niveau de salaire -, il est certain qu’un plan social économique sera mis en place.
Les déclarations d’Heiko Carrie signent en réalité la mort d’un site pluridécennal. De fait, les 1.250 salariés de l’usine fabriquent des injecteurs et des bougies pour véhicules diesel. Le secteur, florissant au début des années 2000, moment où l’usine avait 2.400 salariés, traverse une crise de grande ampleur provoquée par des décisions politiques voulues par le gouvernement actuel et le précédent. Il est désormais moins intéressant d’acheter un véhicule roulant au diesel, tant parce que le gasoil a augmenté que par les nombreux malus à l’achat qui se sont multipliés ces dernières années, ou encore l’influence de la taxe carbone qui a fait l’unanimité à gauche et chez les marcheurs. C’est justement dans cette France éloignée des grands centres de décision, à l’image de l’Aveyron, qu’on « roule au diesel » pour reprendre le mot cruel prononcé par Benjamin Griveaux il y a quelques années. Une France qui est depuis trop longtemps considérée comme la variable d’ajustement d’une globalisation économique féroce et concurrentielle, de laquelle l’Etat peine à nous protéger.
La région Occitanie, il faut le souligner, ne s’est pas montrée très active pour la défense du site Bosch de Rodez. Madame Delga s’est contentée de quelques déclarations, de « larmes de crocodile », alors que sa majorité n’a rien fait pour favoriser la continuité de l’emploi. Il y a probablement des raisons idéologiques à cela, les Verts comme Gérard Onesta manifestant une hostilité de principe au diesel et à la voiture depuis fort longtemps. Ils ont d’ailleurs tous fait miroiter, avec le maire de Rodez Christian Teyssèdre, la création d’une « méga usine de recyclage » pour compenser cette perte. À la première lecture d’une étude de quatre mois, les investisseurs potentiels sont partis sans attendre… Pour préserver l’emploi et l’industrie dans notre région, il faut rassembler l’Occitanie derrière des hommes et des femmes décidés, qui n’auront pas d’œillères politiques. Il en va de l’avenir de nos enfants dans chaque département.
En août 2016, Emmanuel Macron s’était rendu en visite à l’usine Bosch, souhaitant se montrer “rassurant” sur l’avenir du diesel. Il s’est une fois de plus trompé. Sciemment ?